Cela devait bien arriver un jour ou l'autre. Après ces derniers jours de beau temps, ce fut une journée 100% pluie. Pas une minute de répit. En quittant la ferme auberge ce matin, j'avais pris la décision de ne pas prendre le chemin de Compostelle mais de marcher sur la départementale. Avec toute la pluie tombée pendant la nuit, le chemin devait être impraticable. Cela raccourcissait également l'étape de quelques kilomètres. Heureusement, 1° mai oblige, aucun passage de camions et peu de voitures.
Pour cette traversée de la France, j'avais choisi le sens est – ouest pour avoir le soleil dans le dos pendant la marche. Je n'avais pas imaginé un instant que les jours de pluie, le vent venant essentiellement de l'ouest, j'aurais la pluie en pleine face. Heureusement, bien protégé par ma parka et mon pantalon spécial pluie, je n'ai pas trop souffert des bourrasques de vent et de cette pluie permanente.
La marche sous la pluie est une marche bien différente de celle par beau temps. La tête enfoncée dans la capuche de ma parka, mon angle de vue est restreint. C'est l'histoire du K-way de Dany Boon. Fini, le plaisir de tourner la tête à droite, à gauche. Le regard est fixe, droit devant. Le pas est rapide, régulier, mécanique. On avance sans réfléchir. On ne s'arrête plus pour regarder les paysages. Finies les pauses photo. De toute façon, sortir son appareil photo sous une telle pluie, c'est prendre le risque de ne plus jamais en prendre ! Sans compter qu'en plus avec la buée sur les lunettes, les photos risqueraient d'être totalement floues !
Dans les villages, la vie est méconnaissable. Ces jours derniers, avec le beau temps et ce début de printemps, les villageois étaient occupés à l'entretien du jardin, du potager ou de la maison. Les tondeuses, les débroussailleuses, les taille-haies, les tronçonneuses fonctionnaient à plein. Aujourd'hui, avec la pluie, pas un habitant n'a mis le nez dehors. C'est la première fois depuis le départ que je n'ai pas eu l'occasion de dire bonjour à quelqu'un. Tout le monde est à l'intérieur. Et un signe ne trompe pas. En traversant chaque village, une forte odeur de feu de cheminée me prend à la gorge. Nous pourrions être le 1° novembre.
Quelques kilomètres avant la fin de l'étape, je retrouve le chemin de Compostelle. Je décide de le prendre. Il traverse des prairies et le sentier semble praticable. Ces 3 - 4 kilomètres restant avant l'arrivée à Villersexel sont particulièrement difficiles. La terre est gorgée d'eau et les flaques obligent à les enjamber avec le risque de se louper. Ce qui m'est arrivé plusieurs fois. Je ne regrette pas d'avoir pris la nationale ce matin. Je reprendrai le sentier au prochain rayon de soleil.
Villers sur Saulnot - Villersexel : 20 km / 4h (cumul 150 km / 33h30)
Département : Haute-Saône (70)
Région : Franche-Comté
Paysage : non précisé (pluie sur toute l'étape)
Météo : ciel couvert et pluie continue. 13°
Hébergement à l'arrivée : hôtel
Le physique : ras
Le moral : bon mais c'est tout de même plus sympa les jours de beau temps
Un autre siècle. La ferme-auberge
A suivre...
© Philippe MATHON