Je suis dans un hameau perdu à la frontière de la Puisaye-Forterre et de la Puisaye. L’accueil à la chambre d’hôtes est sympathique. L’agricultrice produit du fromage de chèvre et comme bien souvent à la campagne, élabore quelques produits maison : jus de pomme, jus de raisin, confiture et pâtés. Ce matin, au petit-déjeuner, une palette de diverses confitures : fleur de pissenlit, fleur de sureau, gratte-cul (fruit de l’églantier), mirabelle et autres. Des goûts et des saveurs nouvelles. Une mention spéciale pour la fleur de sureau dont le goût fin et délicat rappelle la rose et le litchi. Décidemment, cette traversée de la France me fait découvrir des tas de choses différentes.
Je quitte le hameau tôt ce matin, à 9h car la météo annonce des pluies en fin de matinée. Je profite donc des quelques rayons de soleil qui arrivent à percer un ciel bien nuageux. La température tourne autour des 8 – 10°, idéale pour démarrer l’étape.
Je traverse le très beau village de Thury, 500 habitants. De nombreuses maisons ont leurs volets clos. Plusieurs commerces sont définitivement fermés. Quelques inscriptions et publicités commerciales décolorées témoignent d’un âge d’or qui doit remonter aux années 50.
Après une heure de marche, j’atteins un plateau qui me permet d’avoir une vue panoramique. La nature, rien que la nature. Je vois bien un ou deux villages au loin. Mais ce qui me désole particulièrement, c’est la vue dans la direction du nord de 7 éoliennes à une cinquantaine de kilomètres. Plus au sud, j’en vois également au loin un certain nombre sans parvenir à les compter. Je maintiens ma totale opposition déjà exprimée dans un article précédent. Ces constructions dénaturent complètement les paysages. Comment oublier qu’il faut 500 éoliennes pour remplacer 1 centrale nucléaire ?
Le chemin passe à travers champs. Au vu des balisages plus ou moins aléatoires des GR que j’ai empruntés depuis Châtel-Censoir, je construis moi-même la veille de chaque nouvelle étape, le parcours de l’étape du lendemain. J’utilise le logiciel « Openrunner » qui répertorie différents types de carte dont les cartes IGN au 1/25000. Très précis, je peux identifier sur ce logiciel le moindre chemin, la moindre difficulté, le moindre centre d’intérêt. Je calcule le nombre de kilomètres envisagé et trouve les solutions pour réduire les distances ou pour emprunter les passages les plus intéressants. Une fois le parcours déterminé, je l’enregistre sur mon GPS et je peux le suivre ensuite sur le terrain. Résultat, ce matin, je marche sur un chemin de terre, perdu en pleine campagne, éloigné de tout, dans un environnement magnifique. Tous les cent mètres, le paysage change. C’est superbe ! Je ne me lasse pas de ces collines, ces buttes, ces coteaux, ces plateaux. Toutes ces courbes sont reposantes à l’œil. Je pourrais rester des heures à contempler ces paysages. Ce calme n’est qu’apparent. Octobre est un mois charnière pour les agriculteurs. C’est la période des labours, des épandages, des fenaisons, des moissons du maïs, des semis du méteil.
Bientôt, sur un ou deux kilomètres, la terre change d’aspect. Je passe du pays de la Puisaye-Forterre au pays de la Puisaye. On m’avait prévenu. Les terres sont moins rocailleuses, pierreuses. Les sols sont argileux. Je retrouve de la verdure, des sous-bois… et des vaches ! Surprenant un tel changement en si peu de kilomètres. Avant de redescendre vers les sources du Loing, je peux distinguer maintenant nettement les deux tours de refroidissement de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire dont j’avais vu de loin les volutes de vapeur samedi dernier.
Après les sources du Loing, rivière d’une centaine de kilomètres qui se jette dans la Seine, je suis bien dans la Puisaye. La terre est belle, même si elle est encore un peu caillouteuse. On sent des terres riches, plus productives.
Il est midi et quart quand les premières gouttes de pluie tombent. Les prévisions météo s’avèrent fiables. J’arrive au village de Perreuse. Je m’abrite sous le porche de la petite église et fais une pause d’une petite heure. La pluie est toujours présente quand je me remets en marche. Le chemin se poursuit en pleine campagne. La pluie tombe de manière régulière, fine, soutenue. A la différence de la première partie de Bâle à Vézelay, j’ai pris cette fois-ci un parapluie. Ce n’est pas très académique mais peu importe. Je sais que la pluie sera au rendez-vous ces prochains jours. Aujourd’hui, la pluie ne me dérange plus. Mes lunettes ne sont plus embuées comme le 1° mai dernier ! Je ne suis plus obligé de fixer le sol. Je regarde droit devant, je profite à plein des paysages. Le frottement de mes jambes habillées de mon pantalon de pluie 100% imperméable rythme la cadence !
Thury - Treigny : 19 km / 4h30 (cumul 594 km / 141h30)
Département : Yonne (89)
Région : Bourgogne
Paysage : *** superbe ! La France des champs éclairée d'une luminosité automnale
Météo : ciel couvert et pluie en fin d'étape. 13°
Hébergement à l'arrivée : chambre d'hôtes
Le physique : ça marche !
Le moral : top ! Je retrouve les sensations ressenties en Franche-Comté
© Philippe MATHON