Petite étape aujourd’hui. Je souhaite arriver à l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire en début d’après-midi. Il est 11h00 ce matin quand je quitte Sully. La météo a brutalement changé. Un brouillard impressionnant a pris possession du fleuve et de ses berges. Comme souvent quand je quitte les personnes qui m’ont hébergé la nuit, je repense à elles pendant mes premiers pas de la journée. Cette nuit, c’est un couple du Nord d’une cinquantaine d’années qui viennent de s’installer à Sully. Ils ont repris un hôtel de charme dans la ville. Le nouveau propriétaire m’explique sa reconversion professionnelle. Deux ans ont été nécessaires pour trouver la « perle rare ». Quitter sa région natale, se lancer dans un nouveau métier dans un secteur professionnel différent du précédent, prendre des risques en investissant des sommes significatives, s’éloigner de ses enfants encore étudiants, engager son épouse dans cette nouvelle vie, bref une nouvelle aventure où une dose d’audace et de courage est nécessaire. Depuis mon départ de Bâle, j’ai bien rencontré une dizaine de situations identiques. Des reconversions professionnelles non souhaitées au départ, mais au final plutôt bien négociées. « Audaces fortuna juvat », la fortune sourit aux audacieux, dit le proverbe !
Après le GR3C hier qui longeait la Loire sur sa gauche, je reprends aujourd’hui le GR3 qui borde le fleuve sur sa droite. Je marche sur le chemin, admire les teintes automnales des arbres et ne prête aucune attention au balisage blanc et rouge du GR. J’avance sur un sentier très agréable qui longe la Loire au plus proche et sans m’en rendre compte, je me suis éloigné du GR. Au bout d’un kilomètre, je me retrouve dans une impasse. A droite, en face, à gauche, la Loire ! Selon la montée ou la baisse des eaux du fleuve, apparaissent ou disparaissent des bancs de sable plus ou moins boisés. En suivant ce sentier, j’ai quitté la berge du fleuve pour me retrouver sur une presqu’île. Je dois faire demi-tour et retrouve rapidement le GR.
La brume a fini par se lever mais le ciel reste couvert. Il doit faire 7 ou 8°. Le vent d’est venu de Russie annoncé à la météo ce matin apporte une certaine fraîcheur. Contrairement à l’étape d’hier, la Loire est en permanence dans mon champ de vision. Toujours personne. Calme total. Seuls quelques oiseaux manifestent leur présence. La marche a ceci d’étonnant que tout peut changer sur quelques kilomètres. Autant l’étape d’hier, sur la rive gauche du fleuve, était monotone et sans grand intérêt côté nature, autant celle d’aujourd’hui, sur la rive droite est variée et superbe. Le chemin passe à travers des sous-bois. C’est un festival de couleurs. Les arbres, frênes, chênes, charmes, hêtres, érables, noisetiers, ormes, saules, se parent de jaune, de roux, de grenat, de brun, d’ocre et d’orange. A terre, un véritable tapis de champignons. Que de couleurs et de formes différentes ! Impossible de mettre un nom sur chacun.
A quelques centaines de mètres de Saint-Benoît, je passe la méridienne verte, projet mis en place pour fêter le passage à l’an 2000 et qui matérialise le tracé du méridien de Paris par la plantation d’arbres le long d’une ligne virtuelle de Dunkerque à Perpignan. Comme je l’avais souhaité ce matin, j’arrive à l’abbaye de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire en tout début d’après-midi. Je rencontre le père hôtelier, m’installe et fais la connaissance des lieux. J’ai prévu d’y rester 3 jours le temps de reposer les pieds et de mettre par écrit les toutes dernières étapes.
Sully-sur-Loire - Abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire : 12 km / 3h (cumul 700 km / 166h)
Département : Loiret (45)
Région : Centre-Val de Loire
Paysage : ** (le chemin qui longe la Loire un jour de brume)
Météo : ciel brumeux au départ puis couvert en début d'après-midi. 9°
Hébergement à l'arrivée : abbaye
Le physique : 3-4 jours de pause vont permettre aux pieds de retrouver la forme !
Le moral : cette première semaine de reprise est un vrai bonheur !
Parallèle à faire entre la Vie et la Loire. La vie se déroule comme ce long fleuve tranquille même si parfois des désastres (malheur vs crue) peuvent survenir. Mais dans la vie et comme pour le fleuve, les choses finissent par se stabiliser
A suivre ...
© Philippe MATHON