Courte étape d'une quinzaine de kilomètres aujourd'hui. Le couple chez qui j'ai passé la nuit à Marnay me confirme que l'étape du jour sera bien différente de celle d'hier. Terminée la marche dans les sous-bois. Le chemin défile maintenant à travers champs, prairies et pâtures. A l'arrivée de l'étape, je constaterai en consultant mon GPS, un très faible dénivelé entre les points bas et haut de la journée (193 mètres et 218 mètres). Un dénivelé de 25 mètres, certainement l'étape la plus plate de cette traversée.
En quittant Marnay, je longe de grandes pâtures où l'on fauche les premiers foins de l'année. Faucheuses et tracteurs équipés de remorque sont au travail. L'alternance des pluies et du soleil ces derniers jours ont accéléré la pousse des herbes et il est temps de moissonner.
Chaque début d'étape est un grand plaisir. Le corps ne souffre pas encore et l'esprit est à la curiosité des lieux, à l'écoute des sons, à la vue des paysages, à la perception des odeurs. C'est dans ces moments là que j'apprécie la marche. Je règle le rythme de mes pas en fonction de mes sensations. Le bourdonnement incessant des insectes dans les sous-bois, j'arrête mon pas pour l'écouter. Une buse tournoie dans le ciel, je stoppe ma marche pour l'observer. Des coquelicots contrastant avec le vert des pâturages, je fais un arrêt pour goûter ce spectacle.
A midi, je fais une pause-déjeuner dans un petit village de 200 habitants et m'installe sur un muret entourant une petite maison. En inspectant les lieux, je découvre sur un des murs de la maison l'inscription en lettres majuscules : CHENEVREY. En fait, cette maison est une ancienne gare, et là où je pique-nique devait passer une voie de chemin de fer. Depuis mon départ de Bâle, j'ai ainsi croisé une quinzaine d'anciennes gares de village, toutes reconverties en maison d'habitation. J'imagine le réseau ferré français dans les années 50. Chaque village avait sa gare et l'activité qui en découlait. Un autre monde ...
La marche se poursuit le long de l'Ognon, maintenant rivière alors que je l'avais côtoyé petit cours d'eau du côté de Villersexel, cent kilomètres en amont. La couleur bleu des lieux tranche avec les vert et jaune des dernières étapes. Le murmure de cette eau qui coule lentement rafraîchit l'atmosphère. La température doit être de 22-23° sous ce ciel bleu sans nuage. En prenant le pont surplombant l'Ognon, je quitte la Haute-Saône pour entrer dans le Jura. C'est à ce moment là qu'un bruit sourd et vibrant se fait entendre dans cette campagne tranquille. Je pense aussitôt au passage du TGV Paris - Mulhouse. En effet, la ligne passe à moins d'un kilomètre. Quelle nuisance pour tous ces petits villages alentours. En même temps, je ne peux oublier qu'il y a deux jours à peine, je reliais Paris à Besançon par cette même ligne !
J'arrive au terme de l'étape et après un kilomètre à travers bois, je vois poindre un clocher. C'est le clocher de l'abbaye Notre Dame d'Acey où j'ai décidé de passer la journée entière de demain mardi.
Marnay - Abbaye d'Acey : 13 km / 3h (cumul 254 km / 57h)
Départements : Haute-Saône (70) puis Jura (39)
Région : Franche-Comté
Paysage : ** (la rivière l'Ognon et le bleu des plans d'eau à l'approche d'Acey)
Météo : beau temps. 18°
Hébergement à l'arrivée : abbaye
Le physique : étape courte sans difficulté => en forme !
Le moral : top
Les sentiments à l'approche d'une abbaye
A suivre ...
© Philippe MATHON