Au réveil ce matin, je vais à la fenêtre de ma chambre et vois un troupeau d'une trentaine de vaches remonter lentement la route vers le centre du village. Pour guider le troupeau, le vacher se déplace au volant d'un quad ! Modernité quand tu nous tiens !
Je quitte le gîte à 10h00 sans avoir pu terminer une nouvelle fois la rédaction de l'étape d'hier. Finalement, les jours passent très vite et me laisse peu de temps à l'écriture, contrairement à ce que j'avais imaginé avant de partir. Une journée type s'organise de la manière suivante :
7h00 : réveil (hé oui, je fais sonner le réveil !
8h00 : petit-déjeuner avec les hôtes quand il s'agit de chambre d'hôtes ou de gîte
9h00 : préparation de mes sacs à dos et réservation de l'hébergement J+7
10h00 : départ de l'étape
16h00 - 17h00 : arrivée à l'étape
17h00 - 18h00 : mise à jour du site (itinéraire, photos du jour et rédaction de l'étape du jour dans la mesure du possible)
19h00 : repas avec les hôtes
La durée d'une étape est de 6h en moyenne pour 4h de marche. Les deux heures où je ne marche pas sont des moments de pause repas, de discussions avec des personnes rencontrées sur le chemin, de visites de lieux et monuments et aussi de minutes à écouter les oiseaux, à étudier l'avancée d'un escargot, à observer les paysages, .... Bref, pas de temps pour s'ennuyer !
Après une demi-heure de marche, j'entre dans le village de Moissey où une départementale reliant Dole à Vesoul traverse le coeur du village. Je fais une pause de 10 minutes sur la petite place centrale. Horreur ! Je compte le passage d'une trentaine de semi-remorques dans ce court laps de temps. Une nuisance totale pour les habitants. J'apprendrai dans l'après-midi qu'un terrible accident avait eu lieu dans le centre de ce village il y a quelques années. Depuis, l'idée de la construction d'une voie de contournement reste dans les cartons faute de moyens...
En sortie de village, je prends un sentier qui monte assez rapidement dans un grand bois. Je m'éloigne peu à peu de la départementale mais plus je prends de la hauteur, plus le bruit de fond du passage des camions se fait entendre. Le bourdonnement des insectes a laissé la place au bourdonnement des camions ! Il faudra une bonne demi-heure pour retrouver le calme de la forêt et pouvoir regoûter aux chants des oiseaux.
La pente du chemin s'accentue et je prends conscience que je m'acquitte de la tâche avec plus de facilité qu'il y a une quinzaine de jours. J'en tire une petite fierté. Le physique tient le choc !
La marche sur ce sentier dans les bois est agréable. J'ai l'impression de marcher sur un tapis. Composé de feuilles mortes, de brindilles, d'aiguilles de résineux, d'herbes séchées, chaque pas est un vrai bonheur. L'esprit ne s'accroche plus aux petites sensations physiques mais s'égare sur de tas de réflexions et souvenirs. Les bienfaits de la marche dans la durée commencent à se manifester.
A la sortie du grand bois, le chemin descend assez rapidement pour atteindre le village de Gredisans peuplé d'une centaine d'habitants. Un petit vieux (petit parce qu'il est petit et vieux parce qu'il doit avoir dans les 60 ans !) s'occupe dans son potager, me voit arriver et se redresse. Je ralentis et devinant qu'il a l'intention d'engager la conversation, je m'arrête. "A cette vitesse-là, vous êtes au Mont Roland dans une heure et demi" me lance t-il. "Je vous ai vu descendre le chemin bien vite pour un marcheur" prolonge t-il. Je lui explique que me sentant bien, la vitesse à laquelle je suis descendu est inhabituelle. S'ensuit alors une discussion où il me raconte l'histoire de sa maison, une ancienne ferme qu'il a totalement réhabilitée. Souhaitant poursuivre la conversation, il me dit : "Je vous accompagne jusqu'à la sortie du village". Nous passons bien une bonne heure ensemble où il me rapporte plein d'anecdotes sur le maire qui n'a plus les budgets pour entretenir les abords des routes ou sur le châtelain qui a rénové dernièrement son pavillon, Le village dominant la région, il me confirme que par beau temps, on peut voir le Mont Blanc. Passant le long d'un champ de blé, il me questionne : "Avez-vous remarqué quelque chose ?". J'observe mais ne vois rien de particulier. "Regardez, il n'y a pratiquement plus de tige. Depuis une dizaine d'années, on a mis au point un blé sans tige. Cela évite la production de paille". Et effectivement, le blé est très court sur patte. Avant de le quitter, je lui indique que j'aimerais prendre une photo du clocher du village mais qu'il y a toujours, soit un arbre, soit une maison qui cache la vue. Il me dit : "Venez avec moi". Il m'entraîne alors au point culminant du village dans une prairie dont les foins viennent d'être coupés. Nous faisons une centaine de pas dans le champ et là, surprise, le clocher apparaît à peine caché par quelques branches d'arbres. C'est là un des petits bonheurs de cette marche. Des rencontres inattendues où il faut laisser le temps s'écouler pour en goûter toute la saveur.
Offlanges - Mont Roland : 17 km / 3h30 (cumul 285 km / 64h)
Département : Jura (39)
Région : Franche-Comté
Paysage : ** (magnifique panorama à 180°. A l'est l'Alsace et le Jura, au Sud la Bresse et à l'ouest, le Morvan)
Météo : ciel légèrement couvert. 11°
Hébergement à l'arrivée : hôtel
Le physique : les ampoules sont presque de l'histoire ancienne
Le moral : de beaux paysages, de belles rencontres, du beau temps => au top
La vie professionnelle a été facteur de quelques rencontres humainement très riches. Ecrire un mot à ces personnes pour les remercier de ce qu'elles m'ont apporté
A suivre... 02 - 97 et 98
© Philippe MATHON