Superbe journée aujourd'hui. Un ciel uniformément bleu, une température de 14-15° idéale pour la marche, des paysages de campagne et des petits villages perdus comme je les aime et une rencontre très sympathique le soir avec le couple qui m'héberge en chambre d'hôtes.
Il est 11h00 quand je quitte l'hôtel à Belfort. J'évite dans la mesure du possible la solution des hôtels préférant l'hébergement en chambre d'hôtes. Mais sur Belfort même, l'hôtel était le moyen le plus approprié. Sans trop d'hésitation à cause des craintes pour mon genou gauche, décision est prise de déposer le sac à dos par taxi à l'arrivée de l'étape. Rendez-vous est pris à 11h avec le taxi. Surprise ! C'est un corbillard qui vient chercher mon sac. Si ce n'est que pour le sac, tout va bien ...
Je pars en quête du chemin de Compostelle que j'avais quitté hier soir au centre de Belfort. Sans difficulté, je retrouve à 1 km de l'hôtel, les petites coquilles jaune sur fond bleu matérialisant le chemin. Un grand bravo à l'association Franc-Comtoise du Chemin de Compostelle pour la réalisation de ce chemin. Balisage impeccable, choix de l'itinéraire qui permet de découvrir de superbes paysages et entretien parfait des sentiers. J'en ai profité ce soir pour leur envoyer un mot d'encouragement ! Dommage pour eux, car je semble être le seul à fréquenter ce chemin. Mais bonheur pour moi, ne cherchant pas particulièrement à rencontrer du monde sur ce trajet.
En sortant de Belfort, le ciel est totalement dégagé, aucun nuage. Et pourtant le ciel est strié de traînées d'avion, cinq toutes fraîches dans le sens nord - sud avec les avions encore bien visibles et une bonne vingtaine de traces désagrégées révélant qu'un avion est passé il y a moins d'une demi-heure. J'ai alors en mémoire un chiffre que je ne suis pas prêt d'oublier. Chaque jour, 10 000 avions décollent d'un coin de la planète. Les traînées d'avion finissent bien par disparaître à la vue mais le noir de carbone échappé des moteurs d'avion reste bien dans l'atmosphère avec toutes les conséquences qui s'ensuivent.
Après quelques kilomètres, le sentier monte longuement à travers bois. Les pluies tombées il y a quelques jours rendent le chemin glissant. J'apprécie d'autant plus d'avoir laissé mon sac à dos au conducteur du corbillard ! Inutile de souffrir. Je suis là pour le plaisir, pas pour endurer. J'affectionne également mes nouvelles chaussures Meindl qui rendent la marche bien moins périlleuse qu'avec mes anciennes New Balance. La pause technique de la semaine dernière avait du bon.
Le fait de marcher seul permet de monter à mon rythme, de faire des pauses quand bon me semble, de s'arrêter pour écouter tel ou tel bruit, de sentir le vent sur ma peau, d'aérer mes pieds quand je sens un tout début de frottement pouvant engendrer une ampoule... Ce sentiment de liberté contraste avec ma vie précédente, une vie professionnelle essentiellement liée à des contraintes, des obligations, des exigences. Cette sensation de liberté, c'est ce que je suis venu chercher dans cette petite aventure.
Les genoux souffrent beaucoup plus dans la descente que dans la montée d'une côte. Pour protéger mon genou gauche, je teste la descente en marche à reculons. Je tourne le dos au sens de la marche. Aidé d'un bâton trouvé sur le bord du chemin, je descends ainsi une bonne centaine de mètres. Je découvre alors que je descends pratiquement à la même vitesse qu'en marche normale mais surtout je protège mes genoux des chocs liés à la descente. Je découvre également l'originalité de voir s'éloigner un paysage. Dommage que l'homme ne dispose pas d'une vue à 360° ! Heureuse expérience que je pense renouveler si cela s'avère nécessaire.
Le chemin continue à travers champs et prairies. Au loin, trois petits villages perdus dans le paysage avec chacun leur clocher d'église servant de point de repère. Superbe panorama. A la différence de l'été où les mouches, bourdons, frelons, moustiques, araignées abondent sur les sentiers, cette époque de l'année est très agréable. On marche sans être contrarié par toutes ces bestioles.
En milieu d'après midi, j'arrive au terme de l'étape. Une petite étape de 15 km où j'ai pris mon temps, me suis arrêté souvent pour observer, contempler, penser. Une étape telle que je me l'étais imaginé en pensant ce projet. A la chambre d'hôtes, je suis accueilli par un couple très chaleureux. Les conversations du soir ont été telles que je me l'étais imaginé en pensant ce projet : riches, étonnantes, pittoresques révélant de belles leçons de vie. Un sujet pour ma "Réflexion du jour" de demain
Belfort - Luze : 15 km / 4h (cumul 115 km / 26h)
Départements : Territoire de Belfort (90) puis Haute-Saône (70)
Région : Franche-Comté
Paysage : *** (les paysages de campagne et petits villages perdus comme je les aime)
Météo : beau temps . 14°
Hébergement à l'arrivée : chambre d'hôtes
Le physique : petit point dans le dos mais bon, une bonne nuit là-dessus, cela devrait disparaître
Le moral : top ! superbe journée !
La marche seul. Pourquoi ?
A suivre...
© Philippe MATHON