Aujourd'hui, l'étape est de 18 km. A l'arrivée, elle sera de 26 km. Par principe, les chambres d'hôtes en Bourgogne ne proposent pas de repas d'hôtes à la différence de la Franche-Comté et du Jura. Ne sachant pas si j'allais trouver une petite épicerie à l'arrivée à Thoisy-la Bergère, village de 300 habitants, j'ai décidé, avant de partir pour l'étape, d'aller à Pouilly pour faire quelques courses pour le repas du soir. Résultat, une rallonge de 8 km aux kilomètres prévus initialement. Au final, à la chambre d'hôtes de ce soir, les hôtes me proposeront, à peine arrivé, un repas avec eux ce que j'ai accepté bien entendu !
Comme nous l'avions convenu hier soir, le maire de Thoisy-le-Désert m'a emmené visiter la petite chapelle et l'église de son village. Je raconte dans la "Réflexion du jour" d'hier l'engagement et la force de conviction dont a fait preuve le maire pour restaurer ces deux bâtiments. Je n'avais pas voulu feuilleter hier soir les albums photo montrant les travaux de restauration. Je voulais découvrir cette petite chapelle et cette église sans les avoir déjà vues sur photo. En pénétrant à l'intérieur de chacune d'elles, j'étais fasciné par le résultat. La chapelle datant du XIII° siècle et l'église du XII° avaient retrouvé toutes leurs splendeurs. Quel plaisir de voir et d'entendre le maire évoquer avec passion ces 4 années de travaux, citer telle anecdote, rappeler telle difficulté rencontrée et son bonheur, le jour de l'inauguration, de rassembler le village et les notables pour cette occasion unique. Ce sont des rencontres inhabituelles de ce type que je suis venu chercher en traversant la France à pied.
Juste avant de me mettre en route, le maire amène avec lui le livre "Napoléon" de Max Gallo et me fait lire un paragraphe au début du troisième chapitre. Il est évoqué le séjour de Napoléon à l'âge de 10 ans pendant 3 semaines dans ce petit village de Thoisy-le-Désert. J'ai ma réponse à la question que je lui avais posée sur la raison de la "Rue Napoléon" au centre du village. C'est le maire qui avait tenu à dénommer ainsi une des rues principales de son village.
Je quitte le village à 11h00 sous un ciel couvert mais la pluie devrait rester éloignée. La palette des gris, du gris plomb au gris perle a remplacé la gamme des bleus dans le ciel. Le chemin monte rapidement et je découvre peu à peu, en me retournant, un admirable panorama sur le pays de l'Auxois. Tout au fond de la vallée, l'Autoroute du Sud serpette entre les monts. Dans les prairies, le foin vient d'être coupé. Plus j'avance vers le Morvan, plus les pâtures remplacent les champs. Les terres sont plus pauvres et n'autorisent pas les cultures. En redescendant, je traverse le hameau de Dionne. Une dizaine de fermes. Sensation particulière. Personne dans la rue. Et pourtant, les lieux sont habités en témoignent les tracteurs et outils agricoles. Impression étrange de village abandonné.
Nouvelle côte pour atteindre un long plateau et là, surprises. La bonne, une vue superbe sur le Morvan. La mauvaise, six éoliennes à gauche qui abîment le paysage. Une véritable calamité ! Ce sont les premières vues d'aussi près depuis le départ de Bâle. Je ne me ferai jamais à ces constructions qui dénaturent les paysages d'autant plus que leur efficacité est loin d'être prouvée. En remontant le chemin, des panneaux d'information signalent une enquête publique en rapport avec l'installation de 8 éoliennes supplémentaires. De grands panneaux noir et blanc dénoncent ce projet. J'ai satisfaction à voir que la population locale s'oppose à ces installations. Malheureusement, les personnes concernées par cette destruction du paysage ne feront pas le poids face à certains intérêts particuliers. Je ne comprends toujours pas pourquoi ces sujets concernant la vie locale ne font pas l'objet de référendum obligatoire auprès de la population intéressée. Quel serait la part de cette population qui répondrait : "oui, oui, tout à fait d'accord pour installer 8 éoliennes en face de chez moi " ?
En poursuivant ma marche sur ce long plateau, j'ai face à moi les hauteurs du Morvan que j'atteindrai demain. Les paysages sont superbes. Le seul regret, mais grand regret, c'est de marcher sur des routes asphaltées. Depuis mon entrée en Bourgogne, le chemin de Compostelle emprunte 80% de routes pour 20% de sentiers. En Franche-Comté, c'est l'inverse, 80% de sentiers et 20% de routes. Quel dommage ! N'y-a-t-il pas en Bourgogne des sentiers qui mèneraient à Vézelay sans avoir à utiliser les routes ?
A Thoisy-la-Berchère, l'entrée dans le Parc Naturel Régional du Morvan se constate au changement visuel des paysages : les pâtures et prairies ont remplacé les champs de céréales. Arrivé à Thoisy-la-Berchère, je tombe sur une petite épicerie ouverte. Bien la peine d'avoir fait une rallonge de 8 km ce matin pour le repas de ce soir !
Thoisy-le-Désert - Thoisy-la-Berchère : 26 km / 6h (cumul 426 km / 97h)
Département : Côte d'Or (21)
Région : Bourgogne
Paysage : ** (panorama sur le Morvan)
Météo : ciel couvert. 16°
Hébergement à l'arrivée : chambre d'hôtes
Le physique : les étapes de plus de 20 km se passent sans souci. C'est du bonheur
Le moral : les premiers pas dans le Morvan, le plan de marche est tenu !
Tout le monde n'est pas du même avis. J'ai rencontré des personnes pour qui la présence d'éoliennes n'est pas un problème
A suivre...
© Philippe MATHON